Nanard m’a envoyé il y a quelques jours le message suivant issu du forum des danseurs « le rendez-vous de tous les amoureux de danse country ». Il m’a demandé si je voulais bien me prêter au jeu et lui répondre directement sur le blog. Je mets en gras le texte de Nanard pour faciliter la lecture.
Sujet : Animateur, animatrice
Une question (voire plusieurs) me turlupine(nt) depuis pas mal de temps. Aussi n’y vois aucune turpitude de ma part, aucune attaque, rien du tout…. Simplement j’espère que tu sauras me répondre aussi honnêtement que possible.
Là je m’adresse en général :
Qu’est ce que vous voulez faire passer durant vos séances ?
Déjà, cher Nanard, je tiens à te rassurer : je ne me sens aucunement attaquée par ces questions et je vais m’appliquer à y répondre sérieusement car tes interrogations sont tout à fait légitimes. J’ose espérer que de ton côté tu ne t’offusqueras pas de mes réponses…
Ceci étant dit, ce qui est important à mes yeux dans les cours, c’est de savoir écouter la musique : ça a l’air bête, je sais, mais ce n’est pas toujours évident. La musique te donne le rythme et le style ; car danser ce n’est pas répéter mécaniquement une série de pas, c’est du ressenti, du feeling, appelle-ça comme tu veux. Pour moi, le danseur traduit à sa manière la connexion qu’il ressent entre la musique et les pas. Il y a des règles bien sûr (tu ne danses pas une valse comme une polka) mais il y a aussi une grande partie qui vient de toi, de ton humeur du moment, de tes émotions. Tout ça se mélange et se transforme pour te permettre de t’approprier la danse.
L’autre chose qui est primordiale pour moi c’est la technique. Pour ne pas se faire mal d’une part, mais aussi parce qu’elle est indispensable pour bien danser. Si tu manges la moitié de tes pas, si tu ne vas pas au bout de tes mouvements, si tes pieds sont rentrés vers l’intérieur quand tu fais des rock steps… c’est mooooche. La technique c’est l’héritage de toutes les générations qui se sont succédées avant nous et qui ont passé du temps à codifier et à enrichir les pas qu’on utilise aujourd’hui. On ne peut pas faire comme si ça ne nous concernait pas, sinon ce n’est plus de la danse qu’on fait.
Quelles sont vos convictions d’animatrice / animateur ?
Peut-être qu’à la lecture de ma précédente réponse tu te demandes où est passée la country. Et bien, la country c’est la musique et la danse c’est la danse. Voici ma première conviction. On danse sur de la musique country mais, avant tout, on danse.
Je suis aussi convaincue que pour progresser il faut s’ouvrir aux autres. Que ce soit d’autres danseurs, d’autres danses ou d’autres activités… Il faut multiplier les occasions de danser et ne pas hésiter à « copier » les meilleurs. Je m’explique : tu vois un pas qui te plaît ou un geste ou une attitude, peu importe. Tu le reproduis et au début on sent que c’est une pâle imitation et puis petit à petit sans t’en rendre compte tu vas y rajouter ta propre personnalité. Du coup, tu progresses, c’est obligé. Et ce mimétisme ne doit pas concerner que les soirées country. Tu fais de la salsa, utilise ce que tu as appris, tu travailles ton équilibre dans des cours de taï-chi, sers t’en. Ces mélanges vont enrichir ta danse et lui permettre d’évoluer.
Vous remettez vous en question sur votre pratique ?
Constamment. J’ai toujours beaucoup de mal à me considérer comme une animatrice. Je suis une éternelle « apprenante », si tu m’autorises l’expression. Même quand je montre une danse, je continue à apprendre : j’apprends des réactions de mes « élèves », de leurs remarques, de leurs difficultés et de leurs réussites aussi. J’en tire les leçons nécessaires et je fais en sorte de m’améliorer, le cas échéant. En plus, la danse est en perpétuelle évolution, je suis donc obligée de me tenir au courant et de mettre à jour très régulièrement mes connaissances. Eh oui ! être animateur ça ne s’improvise pas, ça s’apprend et ça se travaille !!
Si oui quelles sont les sources qui vous servent à la faire évoluer ?
Principalement les formations. Il existe plusieurs organismes mais je ne t’en citerai aucun. Je ne me préoccupe guère de savoir si untel est mieux qu’untel, je préfère prendre le meilleur chez chacun et faire fi des querelles de clocher. Et, après avoir lu mes réponses précédentes, ça ne devrait pas t’étonner si je te dis que j’exploite aussi ce que j’ai pu acquérir au cours de formations n’ayant rien à voir avec la danse. Quand je tombe sur un bon formateur qui sait bien faire passer les choses, je « recopie » sa technique (même pas honte !), quand un sujet m’interpelle et que je me dis que ça pourrait être tout aussi bien applicable à mes cours, je ne m’en prive jamais non plus.
J’apprends aussi beaucoup en discutant avec d’autres animateurs : on a chacun nos petites recettes en matière de pédagogie, par exemple, et c’est toujours sympa de les partager. De même, je suis régulièrement des stages techniques avec des « pointures » de la danse comme Nathalie Pelletier ou notre ami Javier.
Et pour finir, j’écoute beaucoup mes kinées qui m’ont sensibilisées les premières (et pour cause !) à l’importance de bien positionner son corps et au fonctionnement des chaînes musculaires et des articulations. Cela peut te paraître éloigné du sujet mais en fait je m’en sers tout le temps et ça m’a permis de comprendre bien des choses.
Pourquoi sont elles fiables d’après vous ?
Parce que si elles ne l’étaient pas, je ne les utiliserais pas, bonne blague.
Plus sérieusement, tous ces organismes et toutes ces personnes sont reconnus dans leurs domaines de compétences respectifs. Et eux mêmes maintiennent à jour leurs connaissances en suivant d’autres formations avec d’autres formateurs compétents, etc., etc…
Qu’est qui vous permet de savoir si vous faites du bon « travail » ?
Il faudrait plutôt poser la question aux intéressés… Mais comme tu ne te satisferais pas de cette réponse évasive, je dirais que mon objectif est atteint lorsque je vois mes « élèves » s’encourager mutuellement et mettre en pratique sur d’autres danses ou même dans d’autres cours les recommandations que je leur prodigue dans les miens. Et en plus, avec le sourire !!
Bref ce genre de choses, je te laisse développer si besoin est
J’espère ne pas avoir sombré dans le plus total ésotérisme et j’espère aussi que je ne t’ai pas perdu en route !! Je m’aperçois que je n’ai parlé ni de plaisir, ni de bonne humeur, ni de convivialité… qui sont généralement associés à l’image qu’on se fait d’un cours de danse country. Ce n’est pas qu’avec moi ce ne soit pas le cas (du moins j’espère), c’est simplement qu’à mes yeux ces valeurs vont de soi et n’avaient pas besoin d’être développées ici.
Je suis à ta disposition pour toutes les précisions que tu jugeras utiles mais pour l’instant je vais soigner mon mal de tête : ça m’a collé une terrible migraine de réfléchir à tout ça.
Finalement j’en avais pleins des questions
J’ai conscience que cela n’appelle pas une seule et bonne réponse, simplement, je cherche à connaître un peu le fond de la pensée d’une animatrice dans son action.
Super bonne réponse pour moi avec toutes tes explications. J’approuve plus particulièrement le point essentiel qu’est la musique (eh oui c’est mon dada…..on « vibre » ou pas) et l’application des pas sur celle-ci. Personnellement, je préfère me dire dans ma tête, à l’apprentissage, »rock step, coaster step » que compter (chose que je ne fais jamais sauf pour les chorés très difficiles).
Pour votre enseignement, j’admire votre patience, votre bonne humeur et tout le positif que vous dégagez afin de passer de très agréables moments.
Merci pour tout.
Bravo ! Tu t’en es bien sortie de cet interview. Merci d’avoir joué le jeu. Je pense que tous ceux qui liront cet article, n’auront qu’une hâte : celle de venir te retrouver sur les pistes de danse.
Hum, c’est pas dit ça